La verdadera historia de Omar Tello
El Sembrador de Selva

Exposicion 4 noviembre – 4 diciembre 2015
Alianza Francesa, Quito

La revue de presse de l’exposition

SARAYAKU
« PUEBLO DEL MEDIO DÍA”

03 – 24 marzo 2010
Alianza Francesa, Quito

Para que descubra las bellezas y riquezas de su pueblo, Sarayaku le invita del 03 al 24 de marzo 2010, en la Alianza Francesa, a compartir su vida cotidiana. Durante tres semanas, podrá insertarse en la vida de este pueblo maravilloso; entender la cotidianidad de una mujer kichwa; instalarse en una casa tradicional para tomar chicha; recorrer los caminos de caza y pesca con los hombres amazónicos y comprender por qué estos hombres y mujeres defienden incansablemente su territorio y su derecho ancestral al “Sumak Kawsay”.

Venga, baje el río Bobonaza, mójese en sus aguas y respire el aire fragante de la selva. Llegue con nosotros a Sarayaku “Pueblo del medio día”.

Voir tout le programme – Texte en espagnol

« Depuis toujours en Équateur il y a un gouffre profond entre la ville et l’Amazonie. Le pays est petit mais les citadins ont une réticence et presque une répulsion pour tout ce qui concerne la forêt. Beaucoup de peurs, de préjugés. Les peuples indigènes qui y vivent sont parfois encore perçus comme des sauvages. C’est d’autant plus regrettable que la plupart des décisions qui concernent l’avenir de la forêt sont prises en ville, et donc par des hommes qui ne sont jamais allés marcher sous les arbres et ignorent tout de la beauté d’une forêt première et des peuples qu’elle abrite.

En discutant avec les dirigeants de Sarayacu, peuple de Sacha Runa, j’ai eu l’idée d’organiser une grande exposition, qui durerait presque un mois et où l’on reconstituerait en ville une maison traditionnelle Sacha Runa, en proposant aux visiteurs toutes sortes d’ateliers et de rencontres.

Comme j’animais déjà des ateliers pour recueillir les contes et les savoirs traditionnels à Sarayacu, et des ateliers d’écriture à l’Alliance Française de Quito, j’ai décidé de mêler les deux ateliers et de leur poser la même question « Qu’est-ce que tu aimes le mieux faire et qu’est-ce que tu voudrais transmettre ? »

La réunion des deux ateliers a été un moment bouleversant et des amitiés sont nées qui se sont prolongées longtemps après l’exposition. Les textes lus étaient splendides.
Pendant un mois, les citadins sont ainsi venus s’initier à la poterie, au tatouage végétal, ils ont écouté les contes des grands mères, gouté aux spécialités culinaires des Sacha Runa et bu la fameuse chicha de yuca et cacahuètes… Des projections ont eu lieu, des ministres ont été invités, ainsi que des biologistes, des spécialistes de la biodiversité. Rien de décisif ne s’est décidé, bien évidemment mais je garde le souvenir de cette formidable entraide, de cette infirmière qui racontait, le visage peint de wituk comment ce qu’elle savait faire par-dessus tout c’était tenir la main aux mourants, tandis que Doña Corina, de Sarayacu racontait… voici le texte qu’elle a lu ce soir-là :

 « Avant, quand j’avais quinze ans, j’adorais chanter, cela me mettait en joie. Et j’aimais aussi apprendre.
La dame qui m’élevait (et qui s’appelait Anita) était toujours en train de chanter quand elle allait au champ. Elle chantait très bien avec le turumpa, une corde qui se met entre les lèvres, et le chant qui est dans notre cœur sort avec cette turumpa. Ca se fait avec des petits bâtons très fins, pris sur l’arbre de Cambi, qu’on fait griller, dont on pèle l’écorce, après ça sait se mettre à trembler quand on en fait un sifflet, on peut même le tordre, et comme ça on le met dans la bouche et « iiigggnnn » ….
Cette femme allait partout chantant. Je la suivais sans rien dire, écoutant, écoutant et rien d’autre. Et quand je suis devenue plus grande, j’ai moi aussi voulu apprendre à chanter. J’ai appris toute seule, au fil des chemins. Nul ne soupçonnait que j’étais à apprendre. Après à 17 ans, je continuais, partout où j’allais je chantais en secret.
Après je suis devenue une jeune fille. Je devais me laver les cheveux au wituk, me parfumer avec une fleurs des forêts qu’on appelle Humu (quand les fleurs s’ouvrent, il faut aller les cueillir et les mettre sur sa peau, ou roulée sans une chemise.)
Avec cette fleur le parfum reste longtemps sur moi et tout le monde peut savoir par quels chemins je suis passée.
Ainsi bien propre, le cheveu bien beau, je vais en chantant jusqu’au champ. Je chante pour la joie, pour donner du bonheur à tout le monde, je chante pour que les êtres vivent et pour parler avec les fleurs.
Le meilleur moment pour apprendre le chant c’est la nuit, mais si tu chantes en travaillant, il en sortira davantage de joie.
Ainsi Anita m’a appris à Rotuno, on préparait la chicha et elle m’apprenait toutes les chansons.
Une fois, par une nuit de pleine lune, j’étais à chanter ainsi, à chanter, à chanter. Je n’étais pas allée dormir, seulement je chantais, jusqu’à deux heures du matin. Une femme s’effraya « Corina ! Corina » Et moi j’étais encore avec la bouche ouverte,   endormie cette fois, bien heureuse, bien endormie.
Une fois on était dans la rivière en train d’attraper les poissons carachama, avec un jeune qui les perçait à la lance. Je les attrapais avec mes mains sur les berges de la rivière. Et cette fois encore j’étais en train de chanter, chanter, et sans me rendre compte, je suis rentrée dans l’eau, et quand ma tête est sortie de l’eau j’étais encore en train de chanter. »

Doña Corina Gualinga