montagne-d-argentROMAN
Anne Sibran
Dans la montagne d’argent
Grasset 200 p

 

« Voici un texte incantatoire et prenant, déclamé par un homme coincé au fond d’une mine d’argent, un mineur, un Indien, un chaman peut-être.

Il n’invoque pas n’importe qui, il invoque le diable, celui qu’on adore pour conjurer les coups du sort; celui qu’on tente d’amadouer pour qu’il vous garde lorsque vous progressez dans les flancs de la montagne; celui qui prélève régulièrement son dû de vies humaines parmi les travailleurs de la mine; celui qui ne doit pas sortir au-dehors, mais demeurer en idole terrifiante du monde des ténèbres, à  moins que quelqu’un ne décide de le faire sortir…

Anne Sibran (Bleu Figuier, Grasset, 1999, Je suis la bête, Gallimard, 2007 ou Le Monde intervalle, Panama, 2008) prolonge par ce roman la prière qui ouvre son livre; une prière que les mineurs de Potosi – du nom de la fabuleuse mine d’argent bolivienne qui fit la richesse de l’Espagne – adressent bel et bien au diable lui-même.

A travers ce long monologue qui retrace la vie du narrateur et dit l’enfer et la beauté de la vie des Indiens, défile toute l’histoire de la grande montagne d’argent. On remonte aux origines,  avant les Espagnols, on suit les enfants indiens sur les sentiers des gouffres. « Ne passe jamais les portes de l’ombre », chuchotent leurs grands-mères qui savent que la mine est faite pour les damnés de la terre. »

Eléonore Sulser

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