Coups de cœur
Il s’appelle Agustin. « Agustin Osorio, né de Sara Quiroga, trente-cinq ans au soleil. » Cloué au sol par la roche qui lui coince la jambe, au fond de la Montagne d’argent, il s’adresse au diable. Le diable qui a pris ses quartiers dans les galeries empoisonnées de la mine exploitée là depuis quatre cents ans, près du village de Potosi, en Bolivie. Au diable, Osario dit tout. L’arrivée des Espagnols sur les plateaux andins, le sort des Indiens Quechuas, hier » peuple de bergers, promeneurs de sel, gratteurs de tourbe « , aujourd’hui esclaves de la Montagne les livres parlent de huit millions d’hommes ainsi dévorés ; les légendes incas, la malédiction qui pèse sur les mineurs ; le pont que l’on pourrait, paraît-il, construire jusqu’en Europe avec l’argent coulé des veines de la terre ; la disparition de son frère, Zacarias Osorio la révolte qui embrase le campement minier, le massacre qui suit. Des crucifix empêchent jusque-là les dé©mons de sortir des profondeurs. Mais Agustin va commettre l’impensable.
C’est un remarquable roman que nous donne là Anne Sibran. Un souffle puissant, une langue qui gronde, un imaginaire magique, au service d’un récit envoûtant.
Michel GENSON